Un texte que j'ai écrit en 1984, qui lui aussi me semble toujours d'actualité :)
Il ne suffit pas d'acheter les maillons que nous supposons être les meilleurs pour réussir notre système. La façon dont nous allons les coupler peut donner un résultat très décevant ou au contraire supérieur à nos attentes.
L'approche additive consiste à équilibrer les caractéristiques des différents maillons (à les "additionner") pour aboutir au résultat voulu, par exemple en couplant un amplificateur "doux" à des enceintes "brillantes" pour aboutir à un son "neutre".
L'approche soustractive consiste à voir en chaque maillon une source de perte d'informations, et à éviter d'avoir dans la chaîne un composant "faible" qui ferait perdre ce que le reste du système pourrait reproduire.
D'autres approches existent, et forment souvent ce qu'on appelle les "écoles".
Quelques-unes des plus connues:
- l'approche "technicien old fashion" qui voit le haut-parleur comme le seul maillon important, les amplis comme "sonnant tous pareils" et les comparaisons de câbles comme une obsession malsaine;
- l'approche "gourou" qui accepte les couplages les plus farfelus pourvu que la voix du troisième chanteur au dernier rang sur le dernier pressage de la première version du seul disque de référence accepté fasse atteindre le nirvana à l'auditeur;
- la religion venue du pays du Scotch (fameux, d'ailleurs) qui dit que "tout est dans la source, rien que dans la source", quitte à installer un système coûtant une fortune sur une boîte à bonbons qui retranscrit un dixième des possibilités du reste;
- la religion venue du pays des surfeurs qui dit qu'un amplificateur qui ne ferait pas ses 100 livres bien pesées et qui n'aurait pas la taille du meuble TV de votre grand-mère ne peut à la rigueur équiper que votre auto-radio (et encore, celui de la voiture sub-compacte);
- la bagarre mélomanes contre audiophiles et les deux contre tout les autres...
Il y a eu beaucoup d'études sur les addictions, mais pas encore suffisamment sur celle-là...
En fait, ne suivre qu'une de ces approches aveuglément, c'est se condamner, sauf coup de chance très rare, à dépenser beaucoup pour recevoir très peu.
Et dans tout ça, on ne parle même pas de l'acoustique de la pièce d'écoute... qui dicte pourtant une grosse partie du résultat.
Bref... respirez un bon coup, réussir un système Haute-Fidélité musical ne demande pas de connaissances ésotériques, mais simplement une démarche logique et de la méthode.
1) Ne faites confiance qu'à vos oreilles; c'est drôle comme nombre de gens oublient qu'elles sont quand même légèrement concernées... laissez tomber les courbes et le reste; elles sont parfois intéressantes, mais elles sont surtout là pour rassurer les gens, car des mesures complètes rempliraient un annuaire téléphonique; la prochaine fois que vous achetez un piano, si vous le choisissez "en fonction des mesures", dites nous comment vous avez fait (non, il n'y en a pas, les acousticiens les gardent pour leurs recherches qui sont passionnantes, mais les musiciens continuent heureusement à s'asseoir "bêtement" devant le clavier ... et jouent !). Ceci dit, avec la disparition graduelle des bons revendeurs (la relève vient plus souvent des écoles de marketing que de la musique !), cet idéal est de moins en moins applicable... hélas.
2) Pour que vos oreilles ne vous trahissent pas, une seule chose à faire: les éduquer... en écoutant souvent des instruments et des sons naturels; avec le stress sonore dans lequel nous vivons, cela devient vital.
Pas besoin d'acheter les places de concert les plus chères: un musicien qui joue sur une place, c'est un instrument en direct. Et une voix humaine est un des "instruments" les plus complexes auquels nous puissions nous identifier.
Peu importe le genre de musique, mais il faut éviter de n'écouter que de la musique électro-acoustique, car les instruments non électriques sont souvent plus riches en timbres. Découvrez les notions d'espace sonore (une cave à jazz, une salle d'opéra ou une cathédrale ont toutes une acoustique différente, qui "s'entend" mème avant la première note de musique, rien que par les qualités différentes de silence et de résonance.
3) Pensez "long terme"... un système haute-fidélité, c'est avant tout... un "système" ! Pas un simple empilage de composants.
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